Page:Schiff - Marie de Gournay.djvu/77

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Que si les dames 50 arrivent moins souvent que les hommes, aux degrez 51 d’excellence, c’est merveille que 52 le deffaut de bonne 53 instruction, 54 voire l’affluence de la mauvaise expresse et professoire ne face pis, 55 les gardant d’y pouvoir arriver du tout. 56 Se trouve til plus de difference des hommes à elles que d’elles à elles mesmes, selon l’institution qu’elles ont 57 prinse, selon qu’elles sont eslevées en ville ou village, ou selon les Nations ? Et 58 pourquoy leur institution 59 ou nourriture aux affaires et 60 Lettres à l’egal des hommes, ne rempliroit elle 61 ce vuide, qui paroist 62 ordinairement entre les testes 63 des mesmes hommes et les leurs : 64 puis que la nourriture est de telle importance qu’un de ses membres 65 seulement, c’est à dire le commerce du monde, abondant aux Françoises et aux Angloises, et manquant aux Italiennes, celles cy sont de gros en gros de si 66 loing surpassées par celles là ? Je dis de gros en gros, car en détail les dames d’Italie 67 triumphent parfois : et nous en avons tiré 68 deux Reynes à la prudence desquelles la France a trop d’obligation[1]. 69 Pourquoy vray-

  1. Dans le traité de l’education des enfans de France, écrit à l’occasion de la première grossesse de Marie de Médicis, Mademoiselle de Gournay fait déjà la même remarque. « Les femmes Françoises, dit-elle, voire les Angloises avec elles, ont un specieux advantage sur celles des autres nations en esprit et galanterie, ouy mesmes sur celles d’Italie, où naist en gros le plus subtil peuple de l’Europe. Et ne sçauroit cét advantage proceder, que de ce que ces premieres sont recordees, polies et affilées au moins par la conversation, les aultres non : recluses qu’elles sont en des cachots, ou pour le meilleur marché, peu meslees parmy le monde. »
    Dans l’édition de 1634, cette phrase : « deux Reynes à la pru-