Page:Schiff - Marie de Gournay.djvu/78

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ment la nourriture ne frapperoit elle ce coup, de remplir la distance qui se void entre les entendemens des hommes et des femmes ; veu qu’en cet exemple icy le moins surmonte le plus, par l’assistance d’une seule de ses parcelles, je dis ce commerce et conversation : l’air des Italiennes estant plus subtil et propre à subtilizer les esprits, comme il paroist en ceux de leurs hommes, confrontez communement contre ceux là des François et des Anglois ? Plutarque 70 au Traicté des vertueux faicts des femmes maintient ; que la vertu de l’homme et 71 de la femme est mesme chose. Seneque d’autre part publie aux Consolations ; qu’il faut croire que la Nature n’a point traicté les dames ingratement, ou restrainct et racourcy leurs vertus et leurs esprits, plus que les vertus et les esprits des hommes : 72 mais qu’elle les a doüées de pareille vigueur et de 73 pareille faculté à toute chose honeste et loüable. Voyons ce qu’en juge apres ces deux, le tiers chef du 74 Triumvirat de la sagesse humaine et morale en ses Essais. Il luy semble, dit il, et si ne sçait pourquoy, qu’il se trouve rarement des femmes dignes de commander aux hommes. N’est ce pas les mettre en particulier à l’egale contrebalance des hommes, et confesser, que s’il ne les y met en general il craint d’avoir tort : bien qu’il peust excuser sa 75 restrinction, sur la pauvre

    dence desquelles la France a trop d’obligation » devient « des Reynes et des Princesses qui ne manquaient pas d’esprit. » Cette reculade n’est pas la seule trace d’opportunisme qu’on puisse relever dans l’œuvre de Marie de Gournay.