Page:Schwob - Mœurs des diurnales, 1903.djvu/192

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livres ne peuvent être séparés de leur premier aspect quand nous les avons connus », et il vous dévoilera « son goût infâme pour le livre pouceté, sali, annoté, crayonné, du cabinet de lecture, avec le profond mystère des pages déchirées »… Et le journal ? Tarare. Il vous confessera « le danger de vouloir trop connaître un livre, et de se fondre en lui, comme en la femme qu’on aime, et qu’on veut fondre en soi : quand on possède dans son âme la femme et le livre, on ne voit plus la femme, et on ne connaît plus le livre. Il faudrait toujours se réserver quelque surprise ». Il parle de la lecture, comme Stendhal de l’amour. Mais il ne lit pas son journal. S’il le lisait, il ne serait point ainsi.


Et il aurait l’avantage d’être plus semblable aux autres. Car le journal a créé le public. M. Bourdeau nous l’explique dans les Débats du 3 Janvier 1903, d’après M. Tarde.


La presse, comme le remarque M. Tarde, dans son livre l’Opinion de la foule, plein de vues aussi ingénieuses que profondes, a créé un groupement nouveau, le Public ; ce n’est plus par le lien des corps, comme