Page:Schwob - Mœurs des diurnales, 1903.djvu/201

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Est-ce la déesse Raison ? Est-ce le buisson enflammé qui me dicte les nouvelles tables de la loi ? ou contemporain de Iahweh, des Elohim, est-ce le vénérable roi Hammourabi ? Est-ce Gavroche, Prudhomme, La Palisse, Mayeux, — ou, proh pudor ! Notre Maître lui-même ? Quelle est cette ombre inspiratrice des lieux communs éternels, cette sagesse des nations polyglotte, cette Babel du sublime éculé, cette savetière de l’idéal qui rapetasse nos articles ?

C’est l’Autre. Il n’a point de nom que ce nom contraire. Il est celui qui est, celui qui sait, par opposition à vous qui n’êtes ni ne savez. Adorez-le, mes frères, et invoquez-le souvent, à l’exemple de Notre Maître. Son origine est inconnue ; sa fin est obscure. Ne cherchons pas à le comprendre. Redisons seulement avec ferveur les mystérieuses paroles du premier dictionnaire de l’Académie Française :

« Comme dit l’autre : pour citer en général sans nommer personne. Car, comme dit l’autre, il faut bien, etc. »