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lisait le Musée des Familles et jouait au loto.

La mère d’un de ses camarades l’avait pris en amitié. « Je crois, dit-il, qu’au fond elle éprouve un certain plaisir à se charger de mon éducation et qu’elle voudrait, comme on dit, me former. Elle ne me voit pas sans me demander si je me débarbouille toujours à rebrousse-poils ; elle a remarqué que mes sourcils allaient sans cesse en sens contraire et ne me donne pas de cesse que je ne les aie remis en place. »

Dans l’été de 1849, il fit un voyage en Bretagne, où pour la première fois il vit la mer. À cet effet il fit mettre un cordon à son chapeau de feutre pour le nouer sous le menton. La mer lui parut « un beau, très beau spectacle ». Mais il ne voulut pas « beurrer une tartine poétique sur cette immense étendue d’eau où l’œil se perd ». Il préféra se familiariser avec la mer, selon sa coutume. « Nous nous sommes assis sur la falaise ; nous sommes restés près d’une heure sans parler, sans penser même, les yeux attachés sur les flots : nous étions heureux. M. Caboche me racontait qu’aux Pyrénées il y a des hommes qui montent le matin sur une roche et qui y demeurent jusqu’au soir à regarder les vagues,