Page:Schwob - Mœurs des diurnales, 1903.djvu/55

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aussitôt qu’ils s’aperçoivent qu’on les a trompés, leurs excréments deviennent redoutables et funestes. Alors il faut qu’en toute hâte on désigne quelques riches qui jettent dans l’auge du temple un certain nombre de sacs d’or. Il est à remarquer que pendant la déception des oiseaux et sur la foi des excréments qu’ils rendent, les habitants portent leur or dans les comptoirs des riches : de sorte qu’on n’a aucune peine à désigner ceux-ci aussitôt que les oiseaux ont connu la déception.

On est tenu de les surveiller très étroitement d’abord, à cause, ainsi que je l’ai dit, de leur terrible voracité, puis en raison de leur férocité, qui n’est pas moindre ; enfin, pour les empêcher de s’échapper : car leur absence, selon la croyance des habitants, écarterait toute la faveur de la divinité et serait le signal de la ruine de la contrée, tant en raison de la colère du Dieu que de l’ennui profond qui ferait périr tous les hommes par la privation de ces excréments dont ils se délectent. Ainsi une des punitions qu’on inflige dans les prisons de ce pays est d’interdire aux captifs de recueillir les ordures des oiseaux et d’en interpréter les oracles ; et j’ai vu de ces malheureux qui me suppliaient à travers