Page:Schwob - Mœurs des diurnales, 1903.djvu/56

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leurs grilles de leur tendre des fragments anciens d’excréments qui jonchent tout le sol : tant un amour effréné pour les oracles leur tenait au cœur ! Or on assure que certains de ces oiseaux, toutes ailes éployées, peuvent traverser l’Océan ; d’ailleurs, ainsi que je l’ai rapporté, les prêtres sont persuadés que leurs cris s’entendent jusqu’aux antipodes, par delà les sources du Nil : et il y a même une superstition enracinée parmi le peuple que l’écho seul de ces cris peut engendrer des oiseaux semblables dans une autre partie de notre univers. Mais c’est évidemment une fable : d’autant qu’aucun voyageur jusqu’ici n’a rencontré de ces animaux ailleurs. Comme exemple de leur férocité, je rapporterai que, la nuit de notre entrée dans la ville des Diurnales, une femme dévêtue se précipita dans notre hôtellerie en criant à l’aide : elle était poursuivie par un oiseau gigantesque qui lui donnait des coups de bec à la ceinture (où elle portait son argent) et qui s’efforçait de la couvrir ; et comme elle se protégeait obstinément de ses mains, à la façon de la Vénus pudique, l’oiseau se retourna et projeta une incroyable quantité d’excréments qui la souillèrent de la tête aux pieds. Puis il s’en-