Page:Scribe - Théâtre, 14.djvu/283

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Vous dormez ! le front pâle et comme en vos beaux jours,
Ceint encore des fleurs qu’effeuillaient les amours.

(S’approchant des tombeaux.)

Nonnes, qui reposez sous cette froide pierre,
M’entendez-vous ?
Pour une heure quittez votre lit funéraire,
Relevez-vous ?
Ne craignez plus d’une sainte immortelle,
Le terrible courroux !
Roi des enfers, c’est moi qui vous appelle,
Moi, damné comme vous !
Nonnes, qui reposez sous cette froide pierre
M’entendez-vous ?
Pour une heure quittez votre lit funéraire,
Relevez-vous !

(Pendant l’air précédent, des feux follets ont parcouru ces longues galeries, et s’arrêtent pour s’éteindre sur les tombeaux des nonnes ou sur les pierres tumulaires de la cour. Alors les figures de pierre, se soulevant avec effort, se dressent et glissent sur la terre, Des nonnes aux vêtemens blancs paraissent sur les degrés de l’escalier, montent et s’avancent en procession sur le devant du théâtre. Pas le moindre mouvement ne trahit encore leur nouvelle existence. Des murs qui supportent les arcades ne peuvent arrêter la marche de celles qui désertent les tombes de la cour. La pierre s’est amollie pour leur livrer passage : bientôt elles ont rejoint leurs compagnes, et s’arrêtent vers le tombeau de sainte Rosalie, qu’elles ne peuvent dépasser. Dans ce moment leurs yeux commencent à s’ouvrir, leurs membres reçoivent le mouvement, et si ce n’est leur pâleur mortelle, toutes les apparences de la vie leur sont rendues. Pendant ce temps le feu des lampes s’est aussi de lui-même rallumé. L’obscurité a cessé.)

BERTRAM, aux nonnes qui l’entourent.
Jadis filles du ciel, aujourd’hui de l’enfer ;
Écoutez mon ordre suprême !
Voici venir vers vous un chevalier que j’aime…
Il doit cueillir ce rameau vert ;