Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, cinquième partie, 1654.djvu/17

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quand il vous plaira de la rendre au Roy ſon Pere : vous aſſeurant que ſi vous le faites, je ſeray auſſi ardent à combatre pour vos intereſts, que je le ſuis preſentement à combatre pour les ſiens.

CYRUS.


Apres avoir eſcrit cette Lettre, Cyrus la donna à Aglatidas : il luy recommanda auſſi de s’informer ſi le Roy d’Aſſirie avoit veû Mandane : & de ne manquer pas à parler en ſa faveur, comme en celle des autres Priſonniers. Ce n’eſt pas, luy dit il, que ce ne ſoit une dure choſe, que de ſervir ſon Rival : mais puis que ma parole m’y engage, & que la generoſité le veut, il le faut faire. Il luy parla auſſi de l’inconnu Anaxaris, de Soſicle, & de Tegée : & il eſtoit tout preſt de le congedier, lors que Ligdamis qui avoit ſuivy Cyrus, afin de voir ſa chere Cleonice, s’avança pour luy dire, qu’ayant sçeu qu’Aglatidas s’en alloit à Sardis, il avoit creû de ſon devoir de l’advertir qu’il pouvoit luy donner en ce lieu là quelques connoiſſances qui ne luy ſeroient pas inutiles. Cyrus le remerciant, l’embraſſa : & luy dit qu’il n’apartenoit qu’à un homme parfaitement amoureux, d’avoir pitié d’un Amant : & alors le conjurant de faire ce qu’il diſoit, afin qu’Aglatidas peuſt luy raporter quelques nouvelles un peu plus preciſes de Mandane ; Ligdamis luy obeïſſant, donna un Billet à Aglatidas, pour rendre à un Amy qu’il avoit à la Cour de Creſus, de qui il pouvoit diſposer abſolument : principalement ne s’agiſſant que de rendre un office où il n’alloit point de l’intereſt du Roy de Lydie. Apres donc que Cyrus eut veû ce Billet ; qu’Aglatidas s’en fut chargé ; & qu’il luy eut encore une fois redit les ch