Page:Segur - Les Deux Nigauds.djvu/20

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vingtième fois ses petits yeux rouges et gonflés. Sa mère, qui la regardait de temps en temps d’un air mécontent, leva les épaules et lui dit avec froideur :

« Voyons, Simplicie, finis tes pleurnicheries ; c’est ennuyeux, à la fin. Je t’ai déjà dit que je ne voulais pas aller passer l’hiver à Paris et que je n’irais pas.

SIMPLICIE.

Et c’est pour cela que je pleure. Croyez-vous que ce soit amusant pour moi, qui vais avoir douze ans, de passer l’hiver à la campagne dans la neige et dans la boue ?

MADAME GARGILIER.

Est-ce que tu crois qu’à Paris il n’y a ni neige ni boue ?

SIMPLICIE.

Non, certainement ; ces demoiselles m’ont dit qu’on balayait les rues tous les jours.

MADAME GARGILIER.

Mais on a beau balayer, la neige tombe et la boue revient comme sur les grandes routes.

SIMPLICIE.

Ça m’est égal, je veux aller à Paris.

MADAME GARGILIER.

Ce n’est pas moi qui t’y mènerai, ma chère amie. »

Simplicie recommence à verser des larmes amères ; elle y ajoute des petits cris aigus qui impatientent sa mère et qui attirent son père, occupé à lire dans la chambre à côté.