Page:Segur - Les Deux Nigauds.djvu/25

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« Ils auront oublié, dit un jour Simplicie.

— Ils ont peut-être voulu nous attraper, répondit Innocent.

— Que faire alors ?

— Attendre, et si dans deux jours on ne nous dit rien, nous recommencerons à bouder et à pleurer.

— Je voudrais bien qu’on nous dise quelque chose ; c’est si ennuyeux de bouder ! »

Deux jours se passèrent ; on ne parlait de rien aux enfants ; M. Gargilier les regardait avec un sourire moqueur ; Mme Gargilier paraissait mécontente et triste.

Le troisième jour, en se mettant à table pour déjeuner, Innocent dit tout bas à Simplicie :

« Commence ; il est temps. »

SIMPLICIE.

Et toi ?

INNOCENT.

Moi aussi ; je boude. Ne mange pas. »

Le père et ta mère prennent des œufs frais ; les enfants ne mangent rien ; ils ont les yeux fixés sur leur assiette, la lèvre avancée, les narines gonflées.

LE PÈRE.

Mangez donc, enfants ; vous laissez refroidir les œufs.

Pas de réponse.

LE PÈRE.

Vous n’entendez pas ? Je vous dis de manger.