Page:Segur - Les Deux Nigauds.djvu/26

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INNOCENT.

Je n’ai pas faim.

SIMPLICIE.

Je n’ai pas faim.

LE PÈRE.

Vous allez vous faire mal à l’estomac, grands nigauds.

INNOCENT.

J’ai trop de chagrin pour manger.

SIMPLICIE.

Je ne mangerai que lorsque je serai sûre d’aller à Paris.

LE PÈRE.

Alors tu peux manger tout ce qu’il y a sur la table, car vous vous mettrez en route après-demain ; j’ai écrit à ta tante qui consent à vous recevoir. Vous partirez avec Prudence votre bonne, et vous y resterez tout l’hiver, le printemps et une partie de l’été : votre tante vous renverra à l’époque des vacances de l’année prochaine.

Simplicie et Innocent s’attendaient si peu à cette nouvelle, qu’ils restèrent muets de surprise, la bouche ouverte, les yeux fixes, ne sachant comment passer de la bouderie à la joie.

« Vous viendrez nous voir à Paris ? » demanda enfin Simplicie.

LE PÈRE.

Pas une fois ! Pour quoi faire ? Nous déplacer,