Page:Segur - Les Deux Nigauds.djvu/34

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— Adieu, Simplicie ; adieu, mon enfant », dit la mère en embrassant sa fille une dernière fois.

Simplicie ne répondit qu’en embrassant tendrement sa mère ; elle craignit de n’avoir plus le courage de la quitter si elle s’abandonnait à son attendrissement, et Simplicie voulait à toute force voir Paris.

Elle monta en voiture ; Innocent y était déjà ; Prudence se plaça en face d’eux ; elle avait de l’humeur et elle la témoignait.

PRUDENCE.

Belle campagne que nous allons faire ! Je n’avais jamais pensé, monsieur et mamzelle, que vous auriez assez peu de cœur pour quitter comme ça votre papa et votre maman !

INNOCENT.

Mais Prudence, c’est pour aller à Paris !

PRUDENCE.

Paris !… Paris ! Je me moque bien de votre Paris ! Une sale ville qui n’en finit pas, où on ne se rencontre pas, où on s’ennuie à mourir, où il y a des gens mauvais et voleurs à chaque coin de rue…

INNOCENT.

Prudence, tu ne connais pas Paris, tu ne peux pas en parler.

PRUDENCE.

Tiens ! faut-il ne parler que de ceux qu’on connaît ? Je ne connais pas Notre-Seigneur et j’en parle