Page:Segur - Pauvre Blaise.djvu/139

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d’attirer à lui quelque chose qu’elle ne pouvait encore distinguer ; aussitôt qu’il aperçut Hélène, il lui cria :

« Venez vite, mademoiselle ; venez m’aider à faire revivre les pauvres poulets que je viens de trouver dans la mare. J’en ai retiré trois ; je cherche à atteindre le quatrième. Le voici, je crois… Non, il a encore coulé sous ma perche… Tenez, le voilà ! Je l’ai, pour cette fois. » Et, se baissant, il saisit le quatrième Crève-cœur, qu’il avait rapproché du bord avec sa perche.

Hélène pleurait près de ses pauvres poulets, couchés à terre sans mouvement, le bec ouvert, les ailes étendues, les yeux entr’ouverts. Blaise les porta sur l’herbe, les sécha le mieux qu’il put, avec de la mousse, avec son mouchoir et celui d’Hélène ; mais il eut beau les frotter, les rouler sur le sable chaud, les poulets restèrent sans vie. Voyant tous leurs efforts inutiles, Hélène et Blaise se relevèrent.

« Que ferons-nous de ces pauvres petites bêtes ? dit Blaise. Des poulets si jeunes, ce n’est pas bon à manger ; d’ailleurs, ça fait mal au cœur de manger des bêtes qu’on a soignées.

— Il faut les enterrer, dit tristement Hélène ; ne les laissons pas ici ; les chats les dévoreraient.

— Écoutez, mademoiselle, essayons encore une chose ; j’ai entendu dire à un médecin qu’on fai-