Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1866, tome 3.djvu/148

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L’ENFANT.

Si mon père était mort, vous le pleureriez ; si vous ne le pleuriez pas, ce serait signe que j’en aurais bien vite un nouveau.

LADY MACDUFF.

Pauvre babillard ! comme tu jases !

Entre un Messager.
LE MESSAGER.

— Le ciel vous bénisse, belle dame ! Je ne vous suis pas connu, — bien que je sache parfaitement le rang que vous tenez. — Je soupçonne que quelque danger vous menace. — Si vous voulez suivre l’avis d’un homme qui parle net, — qu’on ne vous trouve pas ici ; fuyez avec vos petits. — Je suis bien brutal, je le sens, de vous effrayer ainsi. — Bien pire serait pour vous l’horrible cruauté — qui menace de si près votre personne. Dieu vous préserve ! — Je n’ose rester plus longtemps.

Sort le messager.
LADY MACDUFF.

Où dois-je fuir ? — Je n’ai pas fait de mal. Mais je me rappelle à présent — que je suis dans ce monde terrestre où faire le mal — passe souvent pour louable, et faire le bien, parfois, — pour une dangereuse folie. Pourquoi donc, hélas ! — me couvrir de cette féminine excuse — que je n’ai pas fait de mal ?… Quels sont ces visages ?

Entrent des Assassins.
PREMIER ASSASSIN.

— Où est votre mari ?

LADY MACDUFF.

Pas dans un lieu assez maudit, j’espère, — pour qu’un homme tel que toi puisse le trouver.