Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1866, tome 3.djvu/152

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

MACDUFF.

L’intempérance sans bornes — est une tyrannie de la nature : elle a — fait le vide prématuré d’heureux trônes — et la chute de bien des rois. Cependant ne craignez pas — de vous attribuer ce qui est à vous. Vous pourrez — assouvir vos désirs à cœur joie — et passer pour un homme froid au milieu d’un monde aveuglé. — Nous avons assez de dames complaisantes. Il n’y a pas — en vous de vautour qui puisse dévorer — tout ce qui s’offrira à votre grandeur, — aussitôt cette inclination connue.

MALCOLM.

Outre cela, il y a — dans ma nature, composée des plus mauvais instincts, une — avarice si insatiable que, si j’étais roi, — je retrancherais tous les nobles pour avoir leurs terres ; — je voudrais les joyaux de l’un, la maison de l’autre ; — et chaque nouvel avoir ne serait pour moi qu’une sauce — qui me rendrait plus affamé. Je forgerais — d’injustes querelles avec les meilleurs, avec les plus loyaux, — et je les détruirais pour avoir leur bien.

MACDUFF.

L’avarice — creuse plus profondément, elle jette des racines plus pernicieuses — que la luxure éphémère d’un été ; elle est — l’épée qui a tué nos rois. Cependant, ne craignez rien ; — l’Écosse a de quoi combler vos désirs à foison, — rien que dans ce qui vous appartient. Tout cela est supportable, — avec des vertus pour contrepoids.

MALCOLM.

— Des vertus ! mais je n’en ai pas. Celles qui conviennent aux rois, — la justice, la sincérité, la tempérance, la stabilité, — la générosité, la persévérance, la pitié, l’humanité, — la piété, la patience, le courage, la fermeté, — je n’en ai pas même l’arrière-goût ; mais j’abonde — en penchants diversement criminels — que je satisfais