Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1866, tome 3.djvu/19

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de ses amis à la cour, qu’on n’en voulait pas moins à sa vie qu’à celle de son père, et qu’en effet celui-ci n’avait pas été tué par un brusque accident (ainsi que Macbeth avait fait présenter la chose), mais dans un guet-apens prémédité : sur ce, pour éviter de nouveaux périls, il s’enfuit au pays de Galles[1]. »

Après le meurtre de Banquo, Macbeth peut se croire tout-puissant. Cette turbulente Écosse paraît enfin soumise. Les thanes les plus fiers viennent en frissonnant lui faire hommage ; le clergé s’époumone pour lui en Te Deum ; la populace, travestie en peuple, l’acclame ; les bourgeois oublient le proscrit Fléance et déclarent éternel l’empire de Macbeth. Seul, dans cet enthousiasme général, un homme est resté silencieux : cet homme, c’est le thane de Fife. Tandis que tous les nobles se rallient à la nouvelle cour, Macduff s’en exile ; il refuse toutes les invitations du roi ; il s’enferme dans son manoir et vit là solitaire et triste, avec sa femme et ses enfants. Cette attitude hautaine déplaît à Macbeth : il s’inquiète de ce que lui veut Macduff ; et, en même temps qu’il le fait épier par sa police secrète, il le fait surveiller par ses agents occultes.

« Certains sorciers dans la parole desquels il avait grande confiance, surtout depuis que la prédiction faite par les trois fées ou sœurs fatidiques s’était si bien réalisée, lui apprirent qu’il devait prendre garde à Macduff, qui chercherait à le détruire un jour à venir.

» Et, sur cet avis, il aurait certainement mis Macduff à mort, n’était qu’une sorcière, en qui il avait une grande foi, lui avait dit que jamais il ne serait tué par un homme né d’une femme, ni vaincu avant que la forêt de Bernane marchât sur le château de Dunsinane.

  1. Holinshed.