Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1866, tome 3.djvu/204

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LE BÂTARD.

— Oh ! tremblez ! vous entendez le lion rugir !

LE ROI JEAN.

— Montons dans la plaine ! Nous y développerons — dans le meilleur ordre tous nos régiments.

LE BÂTARD.

— Hâtons-nous donc pour prendre l’avantage du terrain.

PHILIPPE, qui vient de parler bas à Louis.

— C’est cela ! Vous, sur l’autre hauteur, — vous tiendrez le reste en réserve… Dieu et notre droit !

Ils sortent.
Fanfares d’alarme. Mouvement de troupes, puis retraite. Un héraut de France s’avance au son de la trompette vers les portes d’Angers et s’adresse aux habitants, qui se pressent au haut des remparts.
LE HÉRAUT.

— Hommes d’Angers ! ouvrez vos portes toutes grandes, — et recevez le jeune Arthur, duc de Bretagne. — Il vient, par le bras de la France, de faire — un long avenir de larmes à bien des mères anglaises, — dont les fils sont épars sur la poussière ensanglantée, — à bien des veuves, dont les maris étreignent, — dans un froid embrassement, la terre décolorée ; — et la victoire, obtenue avec peu de perte, joue — avec les étendards dansants des Français, — qui s’avancent, triomphalement déployés, — pour entrer chez vous en conquérants et pour proclamer — Arthur de Bretagne roi d’Angleterre et le vôtre !

Un héraut d’Angleterre entre avec des trompettes.
LE HÉRAUT.

— Réjouissez-vous, hommes d’Angers, sonnez vos cloches. — Le roi Jean, votre roi et roi d’Angleterre,