Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1866, tome 3.djvu/208

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victoire. — Comment trouvez-vous ce conseil fantasque, puissants souverains ? — Ne sent-il pas quelque peu sa politique ?
LE ROI JEAN.

— Eh bien, par le ciel qui pend au-dessus de nos têtes, — il me plaît fort.

À Philippe.

France, si nous mêlions nos forces — et si nous rasions cette ville d’Angers jusqu’au sol ? — Il sera temps ensuite de nous battre à qui en sera roi.

LE BÂTARD, à Philippe.

— Offensé comme nous par cette ville obstinée, — si tu as l’étoffe d’un roi, tourne la bouche de ton artillerie, — comme nous la nôtre, vers ces murs impertinents. — Quand nous les aurons jetés bas, — eh bien, alors, défions-nous les uns les autres, — et travaillons-nous pêle-mêle pour le ciel ou l’enfer !

PHILIPPE.

— Qu’il en soit ainsi !… Parlez, par où attaquerez-vous ?

LE ROI JEAN.

— Nous, c’est de l’ouest que nous enverrons la destruction — au cœur de la cité.

L’ARCHIDUC.

— Moi, du nord.

PHILIPPE.

Notre tonnerre lancera du sud — l’éclair de ses boulets.

LE BÂTARD, à part.

— Ô l’habile stratégie ! Du nord au sud, — l’Autriche et la France se tireront dans le nez l’une de l’autre. — Encourageons-les…

Haut.

Allons, partons, partons !