Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1866, tome 3.djvu/212

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— après avoir été mis par son cœur à la question ! Notre amoureux se voit — puni comme un traître qu’il est. Quel malheur pourtant — qu’un pareil nigaud soit exposé, mis à la question, et pendu — en si aimable lieu !
BLANCHE, au Dauphin.

— La volonté de mon oncle à cet égard est la mienne. — S’il voit en vous quelque chose de sympathique — qui suffise à vous attirer sa sympathie, — je puis aisément transmettre cette sympathie à mon inclination, — ou, si vous voulez, pour parler plus nettement, — l’imposer à mon amour. — Je ne veux pas vous flatter, monseigneur, de cette idée — que tout ce que je vois en vous est digne d’amour, — mais je me borne à vous dire — que, même en vous donnant pour juge la plus ladre critique, — je ne trouve rien en vous qui mérite l’horreur.

LE ROI JEAN.

— Que disent ces jouvenceaux ? Que dit ma nièce ?

BLANCHE.

— Qu’elle est engagée d’honneur à faire toujours — ce que vous daignerez en tous temps décider dans votre sagesse.

LE ROI.

— Parlez donc, Dauphin : pouvez-vous aimer madame ?

LOUIS.

— Ah ! demandez-moi plutôt si je puis m’abstenir de l’aimer, — car je l’aime très-évidemment.

LE ROI JEAN.

— Eh bien, je te donne avec elle — le Vexin, la Touraine, le Maine, — le Poitou et l’Anjou, cinq provinces, — et en outre, — trente mille marcs pesants, argent anglais ! — Philippe de France, si cela t’est agréable, —