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SCÈNE III.

LOUIS, à Philippe.

— Je m’étonne que votre majesté semble si froide, — quand de si graves intérêts la pressent.

PANDOLPHE.

— Je vais lancer l’anathème sur sa tête.

PHILIPPE, au cardinal.

— Tu n’en auras pas besoin…

Au roi Jean.

Angleterre, je me sépare de toi.

CONSTANCE.

— Ô brillant retour de la majesté bannie !

LA REINE-MÈRE.

— Ô noire trahison de l’inconstance française !

LE ROI JEAN, à Philippe.

— France, tu pleureras cette heure avant une heure.

LE BÂTARD.

— Pour peu que ce vieil horloger, le temps, ce vieux fossoyeur, le temps, — y mette de la complaisance, certes la France pleurera !

BLANCHE.

— Le soleil est couvert de sang ! beau jour, adieu ! — De quel côté dois-je aller ? — Je suis avec l’un et l’autre : les armées ont chacune une de mes mains, — et, liée que je suis à toutes deux, — elles me démembrent par un arrachement convulsif.

Au Dauphin.

— Époux, je ne puis prier pour ton triomphe.

Au roi Jean.

— Oncle, il faut que je prie pour ta défaite.

À Philippe.

— Père, je ne puis te souhaiter la fortune.

À la reine-mère Éléonore.

— Aïeule, je ne veux pas souhaiter que tes souhaits réussissent. — Quel que soit le vainqueur, je perdrai à la