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SCÈNE VI.
sont aveuglés, — rien qu’à l’horrible aspect de ces hommes de sang.
HUBERT, aux exécuteurs.

— Donnez-moi le fer, vous dis-je, et attachez-le ici.

Hubert prend le fer rouge. Les deux exécuteurs saisissent Arthur pour le lier sur la chaise.
ARTHUR, aux exécuteurs.

— Hélas ! qu’avez-vous besoin d’être si furieusement rudes ? — je ne vais pas résister ; je vais rester pétrifié. — Au nom du ciel, Hubert, ne me faites pas attacher ! — Voyons, écoutez-moi, Hubert, renvoyez ces hommes, — et je vais m’asseoir aussi tranquille qu’un agneau : — je ne bougerai pas, je ne regimberai pas, je ne dirai pas un mot, — je ne regarderai pas le fer avec colère. — Jetez seulement ces hommes dehors, et je vous pardonnerai — toutes les tortures auxquelles vous me soumettrez.

HUBERT, aux exécuteurs.

— Allez ! tenez-vous dehors ! laissez-moi seul avec lui.

PREMIER EXÉCUTEUR.

— Je suis ravi de n’être pour rien dans une pareille action.

Les exécuteurs sortent.
ARTHUR.

— Hélas ! je viens donc de chasser un ami ! — Il a une mine farouche, mais un bon cœur.

À Hubert.

— Laissez-le revenir, que sa compassion puisse — rendre vie à la vôtre.

HUBERT.

Allons, garçon, préparez-vous.

ARTHUR.

— Il n’y a donc plus de remède ?