Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1866, tome 3.djvu/249

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
245
SCÈNE VII.

LE ROI JEAN, s’avançant.

— Nous ne pouvons retenir le bras fort de la mortalité. — Mes bons lords, bien que ma volonté d’accorder soit toujours vivante, — c’en est fait : l’objet de votre demande n’existe plus. — Il nous apprend qu’Arthur est décédé cette nuit.

SALISBURY.

— Nous craignions en effet que sa maladie ne fût incurable.

PEMBROKE.

— En effet, nous savions combien il était près de sa mort, — avant que l’enfant lui-même se sentît malade. — Il faudra répondre de cela, ici ou ailleurs.

LE ROI JEAN, aux seigneurs.

— Pourquoi penchez-vous sur moi des fronts si solennels ? — Croyez-vous que je tienne les ciseaux de la destinée ? — Est-ce que j’ai pouvoir sur les pulsations de la vie ?

SALISBURY, aux autres lords.

— La sinistre tricherie est visible ; et il est honteux que la grandeur la commette si grossièrement.

Au roi.

— Puisse ce jeu-là vous réussir, et, sur ce, adieu !

PEMBROKE.

— Arrête, lord Salisbury : je pars avec toi ; — je vais chercher l’héritage de ce pauvre enfant, — le petit royaume d’une tombe forcée. — À l’être qui devait animer cette île tout entière, — trois pieds de terre suffisent. Mauvais monde, en attendant ! — Cela ne peut pas se supporter ainsi : cela va faire éclater — toutes nos douleurs, et avant peu, je le soupçonne.

Les lords sortent.
LE ROI JEAN.

— Ils brûlent d’indignation. Je me repens. — Il n’est