Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1866, tome 3.djvu/251

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
247
SCÈNE VII.

LE MESSAGER.

— Sous ceux du Dauphin.

Entrent le Bâtard et Pierre de Pomfret.
LE ROI JEAN.

Tu m’as tout étourdi — avec ces mauvaises nouvelles.

Au Bâtard.

Eh bien, que dit le monde — de vos mesures ? N’essayez pas de me bourrer — encore la tête de mauvaises nouvelles, car elle en est déjà pleine.

LE BÂTARD.

— Soit ! si vous avez peur d’entendre le pire, — que le pire tombe inouï sur votre tête !

LE ROI JEAN.

— Excusez-moi, cousin : j’étais suffoqué — par la marée montante : mais maintenant je reprends haleine au-dessus du flot, et je puis donner audience — à toutes les voix, quoi qu’elles veuillent me dire.

LE BÂTARD.

— Comment je me suis démené au milieu du clergé, — les sommes que j’ai ramassées l’expliqueront. — Mais, comme je traversais le pays pour revenir, — j’ai trouvé le peuple étrangement disposé, — possédé de rumeurs, occupé de rêves bizarres, — ne sachant ce qu’il craint, mais plein de crainte. — Et voici un prophète que — j’amène avec moi des rues de Pomfret où je l’ai rencontré, — ayant sur ses talons des centaines de gens — à qui il chantait, en rimes grossières et malsonnantes, — qu’avant midi, le jour de l’Ascension prochaine, — votre altesse aurait déposé sa couronne.

LE ROI JEAN, à Pierre.

— Visionnaire, qui donc te faisait parler ainsi ?

PIERRE DE POMFRET.

— La prescience que cette vérité s’accomplira.