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SCÈNE VIII.

LE BÂTARD.

— Mieux vaudrait pour toi écorcher le diable, Salisbury. — Si seulement tu me regardes de travers, si tu bouges ton pied, — ou si tu enseignes à ta fureur étourdie à me faire outrage, — je t’abats mort. Relève vite ton épée, — sinon je vais vous écraser, toi et ta broche, — à vous faire croire que le diable est sorti de l’enfer.

BIGOT.

— Que vas-tu faire, renommé Faulconbridge ? Seconder un scélérat, un meurtrier !

HUBERT.

— Lord Bigot, je ne suis ni l’un ni l’autre.

BIGOT.

Qui donc a tué ce prince ?

HUBERT.

— Il n’y a pas une heure que je l’ai laissé bien portant : — je l’honorais, je l’aimais, et j’épuiserai ma vie — à pleurer la perte d’une vie si chère.

SALISBURY.

— Ne vous fiez pas à l’humidité menteuse de ses yeux : — car la trahison n’est pas à court de ces larmoiements ; — et, lui, exercé au métier, il les fait ressembler — aux effusions de la pitié et de l’innocence. — Partez avec moi, vous tous dont les âmes ont horreur — des exhalaisons infectes du charnier ; — car je suis suffoqué de cette odeur de crime.

BIGOT.

— Allons à Bury, près du Dauphin !

PEMBROKE, à Hubert.

— Dis au roi qu’il peut venir nous demander là.

Les lords sortent.
LE BÂTARD.

— Voilà un monde parfait !…