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SCÈNE II.

RICHARD.

— Et si je ne les avais pas assassinés ?

LADY ANNE.

Eh bien, ils ne seraient pas morts ; — mais ils le sont, et par toi, diabolique scélérat !

RICHARD.

— Je n’ai pas tué votre mari.

LADY ANNE.

Il est donc vivant ?

RICHARD.

— Non, il est mort, tué de la main d’Édouard.

LADY ANNE.

— Par la gorge de ton âme, tu mens ! La reine Marguerite a vu — ton couperet meurtrier tout fumant de son sang, — et tu le tournais contre elle-même, — quand tes frères en ont repoussé la pointe.

RICHARD.

— J’étais provoqué par son langage calomnieux — qui rejetait leur crime sur ma tête innocente.

LADY ANNE.

— Tu étais provoqué par ton âme sanguinaire — qui ne rêva jamais que boucheries ; — N’as-tu pas tué ce roi ?

RICHARD.

Je vous l’accorde.

LADY ANNE.

— Tu me l’accordes, porc-épic ? Que Dieu m’accorde donc aussi — ta damnation pour ce forfait ! — Oh ! il était affable, doux et vertueux !

RICHARD.

— D’autant plus digne du roi du ciel qui l’a.

LADY ANNE.

— Il est dans le ciel, où tu n’iras jamais.