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RICHARD III.
Dieu, je t’en supplie ! — Tes honneurs, ton rang, ton trône, me sont dûs.
RICHARD, à Élisabeth.

— Ah ! vous me menacez de tout dire au roi ? — Dites, ne vous gênez pas. Songez-y, ce que j’ai déclaré, — je le soutiendrai en présence du roi. — Je risque l’aventure d’être envoyé à la Tour. — Il est temps de parler : on a tout à fait oublié mes services.

MARGUERITE, à part.

— Fi, démon ! Je me les rappelle trop bien. — Tu as tué Henry, mon mari, à la Tour, — et Édouard, mon pauvre fils, à Tewksbury.

RICHARD, à Élisabeth.

— Avant que vous fussiez reine, avant même que votre mari fût roi, — j’étais le cheval de trait de ses grandes affaires, — le sarcleur de ses fiers adversaires, — le bienfaiteur libéral de ses amis. — Pour royaliser son sang, j’ai versé le mien.

MARGUERITE, à part.

— Oui, et un sang bien meilleur que le sien ou le tien.

RICHARD.

— Pendant tout ce temps-là, vous et votre mari Grey, — vous conspiriez pour la maison de Lancastre… — Et vous aussi, Rivers !… Votre mari — n’a-t-il pas été tué du côté de Marguerite à Saint-Albans ? — Laissez-moi vous remettre en mémoire, si vous l’oubliez, — ce que vous étiez alors, et ce que vous êtes, — et, en même temps, ce que j’étais et ce que je suis.

MARGUERITE, à part.

— Un infâme meurtrier ! Tu l’es toujours.

RICHARD.

— Ce pauvre Clarence abandonna son père Warwick, — oui, et se parjura… Que le ciel le lui pardonne !