Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1866, tome 3.djvu/317

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
313
SCÈNE III.

MARGUERITE.

— Ô princier Buckingham, je te baise la main, — en signe d’alliance et d’amitié : — que le succès t’accompagne, toi et ta noble maison ! — Tes vêtements ne sont pas tachés de notre sang, — et tu n’es pas sous le coup de mes malédictions.

BUCKINGHAM.

— Ni personne ici. Les malédictions ne dépassent pas — les lèvres de ceux qui les profèrent.

MARGUERITE.

— Je veux croire, moi, qu’elles montent jusqu’au ciel — et qu’elles éveillent Dieu dans l’ineffable paix de son sommeil. — Ô Buckingham, prends garde à ce chien-là ! — Vois-tu, quand il flatte, c’est pour mordre, et, quand il mord, — le venin de sa dent brûle et tue. — N’aie pas affaire à lui ! prends garde à lui ! — Le crime, la mort et l’enfer ont mis sur lui leurs marques, — et tous leurs ministres le suivent.

RICHARD.

— Que dit-elle, milord de Buckingham ?

BUCKINGHAM.

— Rien dont je me soucie, mon gracieux lord.

MARGUERITE.

— Quoi ! tu réponds par le dédain à mes affectueux conseils, — et tu cajoles le diable que je te dénonce ? — Oh ! souviens-toi seulement de mes paroles le jour — où il te fendra le cœur de désespoir ; — tu diras alors : La pauvre Marguerite était prophétesse ! — Vivez donc, vous qui m’écoutez, sujets à sa haine, — lui, à la vôtre, tous, à celle de Dieu !

Elle sort.
HASTINGS.

— Mes cheveux se dressent d’entendre ses malédictions.