Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1866, tome 3.djvu/319

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
315
SCÈNE III.

RIVERS.

— Nous suivons votre grâce, madame.

Tous sortent, excepté Richard.
RICHARD, seul.

— Je fais le mal, et je suis le premier à brailler. — Les méfaits que j’accomplis en secret, — je les rejette, comme autant de charges accablantes sur d’autres. — Moi seul ai mis à l’ombre Clarence : — je le pleure devant un tas d’oisons — ayant nom Stanley, Hastings, Buckingham, — et je leur dis que c’est la reine et ses alliés — qui excitent le roi contre le duc mon frère. — Et ils le croient ! et ils me poussent — à la vengeance contre Rivers, Vaughan et Grey. — Alors je soupire, et, avec une phrase de l’Écriture, — je leur dis que Dieu nous enjoint de faire le bien pour le mal. — Et ainsi j’habille ma vilenie toute nue — avec de vieux centons volés au livre sacré, — et j’ai l’air d’un saint, quand je fais au mieux le diable !

Entrent deux assassins.

— Mais silence : Voici mes exécuteurs. — Eh bien ! mes braves, mes solides et vaillants compères ? — Allez-vous de ce pas dépêcher la chose ?

PREMIER ASSASSIN.

— Oui, milord ; et nous venons chercher le warrant — qui doit nous introduire où il est.

RICHARD.

— C’est juste. Je l’ai ici sur moi.

Il leur donne le warrant.

— Quand vous aurez fini, gagnez Crosby-Place. — Mais brusquez l’exécution, mes maîtres, — soyez inexorables, ne le laissez pas plaider : — car Clarence parle bien, et peut-être — pourrait-il émouvoir la pitié dans vos cœurs, si vous l’écoutiez.

PREMIER ASSASSIN.

— Bah ! bah ! milord, nous ne nous arrêterons pas à bavarder. — Les parleurs ne sont pas des hommes d’ac-