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SCÈNE IV.

BRAKENBURY.

— Je resterai, milord. Que Dieu accorde à votre grâce un bon sommeil ! — La douleur dérange le temps et les heures du repos ; — elle fait de la nuit le matin, et de l’après-midi la nuit. — Les princes ont leurs titres pour seules gloires, — des honneurs extérieurs pour des labeurs intérieurs : — en échange d’imaginations insaisissables, — ils ne saisissent bien souvent qu’un monde d’implacables soucis ; — si bien qu’entre leurs titres et un nom vulgaire, — il n’y a de différence que le bruit extérieur ! —

Entrent les deux assassins.
PREMIER ASSASSIN.

Holà ! quelqu’un !

BRAKENBURY.

— Que veux-tu, l’ami ? Et comment es-tu venu ici ? —

PREMIER ASSASSIN.

Je veux parler à Clarence et je suis venu ici sur mes jambes.

BRAKENBURY.

Quoi ! si bref ?

DEUXIÈME ASSASSIN.

Cela vaut mieux, monsieur, que d’être fastidieux. Montrons-lui notre commission, et plus un mot.

Il remet un papier à Brakenbury qui le lit.
BRAKENBURY.

— Je reçois ici l’ordre de remettre — le noble duc de Clarence entre vos mains. — Je ne veux pas discuter l’intention de ceci, — car je veux en être innocent. — Voici le duc couché et endormi, et voici les clefs. — Je vais trouver le roi, et lui signifier — que je vous ai ainsi émis mes fonctions.