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RICHARD III.

LES DEUX ASSASSINS.

Oui, nous y allons.

CLARENCE.

— Dites-lui de ma part que, quand notre père, le prince d’York — bénit ses trois fils de son bras victorieux — et nous recommanda, du fond de son âme, de nous aimer mutuellement, — il ne prévoyait guère toutes ces discordes dans nos affections. — Rappelez cela à Glocester, et il pleurera.

PREMIER ASSASSIN.

— Oui, des meules de moulin : c’est ce qu’il nous a appris à pleurer.

CLARENCE.

— Oh ! ne le calomniez pas ; car il est bon.

PREMIER ASSASSIN.

— Comme le givre pour la récolte… Allons ! vous vous trompez, — c’est lui qui nous envoie ici pour vous détruire.

CLARENCE.

— C’est impossible : il a pleuré mon malheur ! — il m’a serré dans ses bras ! il a juré, en sanglotant, — qu’il travaillerait à ma délivrance !

PREMIER ASSASSIN.

— Eh ! c’est ce qu’il fait, quand il vous délivre — de la servitude de cette terre aux joies du ciel.

SECOND ASSASSIN.

— Faites votre paix avec Dieu, car vous allez mourir, milord.

CLARENCE.

— Quoi ! vous avez dans vos âmes cette sainte pensée — de m’engager à faire ma paix avec Dieu, — et vous êtes assez aveugles à vos propres âmes — pour vous mettre en guerre avec Dieu, en m’assassinant (50) ? —