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SCÈNE V.

ÉDOUARD.

— Un bon jour, en effet, comme nous l’avons passé ! — Glocester, nous avons fait une œuvre charitable ; — grâce à nous, entre les pairs écumants de rancunes, — l’inimitié s’est changée en paix, la haine en franche affection.

RICHARD.

— Bénie soit cette œuvre, mon souverain ! — Si, dans cette cohue auguste, il est quelqu’un ici — qui, sur de faux rapports ou sur d’injustes soupçons, — me tienne pour ennemi, — si, à mon insu ou dans un accès de rage, — il m’est arrivé de commettre une offense grave — envers quelqu’un dans cette cour, je lui demande — une amicale réconciliation. — C’est pour moi la mort que d’avoir une inimitié ; — je hais cela, et je désire l’affection de tous les gens de bien.

À la reine.

— À vous d’abord, madame, je demande une paix sincère — que je paierai du plus respectueux dévouement ; — à vous aussi, mon noble cousin Buckingham, — si jamais quelque grief s’est logé entre nous deux ; — à vous, lord Rivers, à vous, Dorset, — qui, sans que je le mérite, m’avez toujours fait sombre mine ; — à vous, lord Woodwille, et à vous, lord Scales (52) ; — ducs, comtes, lords, gentilshommes, à vous tous ! — Je ne connais pas un Anglais vivant — à qui j’en veuille plus, au fond de l’âme, — qu’à l’enfant qui vient de naître : — je rends grâce à Dieu de mon humilité.

ÉLISABETH.

— Ce jour sera dans l’avenir célébré comme un jour de fête. — Dieu veuille que tous nos différends soient complètement arrangés ! — Mon souverain seigneur, je supplie votre altesse — de rappeler en grâce notre frère Clarence.