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SCÈNE VIII.
sarmé. — Salut, destruction, meurtre, massacre ! — Je vois la fin du monde tracée comme sur une carte.
LA DUCHESSE.

— Jours maudits d’agitations et de querelles, — que de fois mes yeux vous ont vus renaître ! — Mon mari a perdu la vie pour gagner la couronne ; — mes fils, secoués sans cesse du faîte à l’abîme, — m’ont fait jouir de leurs succès et pleurer de leurs revers. — Et, quand ils sont enfin établis, quand les discordes intérieures — ont été balayées, eux-mêmes, les vainqueurs, ils — se font la guerre, frère contre frère, — sang contre sang, chacun contre soi-même. Ô dénaturée — et frénétique haine, arrête là ta fureur damnée : — sinon, puissé-je mourir pour ne plus voir la mort !

ÉLISABETH, prenant le duc d’York par la main.

— Viens, viens, mon enfant. Allons dans le sanctuaire. — Madame, adieu.

LA DUCHESSE.

Arrêtez, je vais avec vous.

ÉLISABETH.

— Vous n’avez pas de raison pour cela.

L’ARCHEVÊQUE, à la reine.

Venez, ma gracieuse dame. — Et emportez avec vous votre trésor et tous vos biens. — Pour moi, je remets à votre grâce — les sceaux que je gardais. Et puisse le ciel me traiter — aussi bien que je vous servirai, vous et les vôtres ! — Venez, je vais vous conduire au sanctuaire.

Ils sortent.