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RICHARD III.
York, lui, n’est que l’appoint, car les deux autres — n’équivalent pas à l’être parfait que j’ai perdu. — Ton Clarence est mort, lui qui avait poignardé mon Édouard ; — et, avec lui, les spectateurs de cette scène tragique, — l’adultère Hastings, Rivers, Vaughan, Grey, — tous étouffés avant le temps dans le tombeau sombre ! — Richard vit encore, lui, le noir courtier de l’enfer ; — il n’est resté que comme son agent, pour acheter des âmes — et les envoyer là-bas. Mais la voici, la voici — qui approche, sa fin déplorable et non déplorée ! — La terre s’entr’ouvre, l’enfer flamboie, les démons rugissent, les saints prient — pour qu’il soit vite emporté d’ici. — Arrache le fil de sa vie, je t’en conjure, Dieu bien-aimé, — que je puisse vivre encore pour dire : Le chien est mort !
LA REINE ÉLISABETH.

— Oh ! tu m’avais prédit qu’un temps viendrait — où je souhaiterais ton aide pour maudire — cette monstrueuse araignée, cet affreux crapaud bossu !

LA REINE MARGUERITE.

— Alors je t’appelais la vaine effigie de ma fortune. — Que te disais-je encore ? Pauvre ombre, reine en peinture, — tu es la représentation de ce que j’ai été, — l’affiche attrayante d’une horrible parade ; — parvenue destinée au précipice, — mère pour rire de deux beaux enfants, — rêve de ce que tu crois être, tu es la bannière trop voyante — qui sert de cible aux coups les plus dangereux ; — tu es une dignité d’enseigne, un souffle, une billevesée ; — tu es une reine de comédie, faite uniquement pour occuper la scène ! — Eh bien, où est ton mari à présent ? où sont tes frères ? — où sont tes deux fils ? Quelles jouissances te reste-t-il ? — Qui donc te sollicite, et s’agenouille, et dit : Vive la reine ? — Où sont les pairs prosternés qui te flattaient ? — où sont les foules pressées qui te suivaient ? — Rappelle-toi tout cela, et vois ce que tu