Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1866, tome 3.djvu/55

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

nous prenons ici la double couronne des nobles royaumes d’Angleterre et de France. »

» À ces mots il y eut un grand cri de : Vive le roi Richard ! Immédiatement, les lords se rendirent auprès du roi, et, à partir de ce jour, le Protecteur fut appelé par ce titre. »

Ainsi, la farce est jouée. Le peuple a prononcé. Richard le parjure, Richard l’assassin s’intitule Richard III, par la grâce de Dieu et la volonté nationale. Vox populi, vox Dei. Bien fous ou bien méchants ceux qui oseraient maintenant protester contre cette libre expression de la souveraineté de tous. Donc, le 6 juillet 1483, en présence de toute la cour, Richard III est couronné à Westminster avec sa femme Anne, cette misérable veuve du fils de Henry VI, remariée à l’assassin de son mari ! Les voyez-vous d’ici, ce roi et cette reine ? Les voyez-vous marcher sur le long drap rouge, de la grand’salle de Westminster à la chapelle Saint-Édouard ? Les abbés et les évêques, mitre en tête, les précèdent. Voici Northumberland qui, devant eux, porte l’épée de guerre ; voici Stanley avec la masse ; voici Lovel qui tient le glaive de justice ; voici Suffolk qui chancelle sous le sceptre ; voici Lincoln qui trébuche sous le globe ; voici Norfolk qui ploie sous la couronne ; voici Buckingham, page splendide, qui se courbe sous la queue du manteau royal. Tout cela reluit, tout cela brille, tout cela resplendit de pierreries, de pourpre et d’or. La canaille bat des mains et crie : hourrah ! devant ces majestés qui passent, et l’archevêque les sacre au nom du Dieu d’amour.

Maintenant, détournons-nous de cette parade éblouissante, sortons de l’abbaye de Westminster, et dirigeons-nous, en longeant la Tamise, vers ce sombre édifice qui domine la Cité. Nous voici à la Tour de Londres. Passons sous l’ogive de la première porte. Franchissons ce pont-