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SONNETS.


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XCVII

Étant votre serf, ai-je autre chose à faire qu’à attendre les heures et les moments de votre caprice ? Je n’ai pas de temps précieux à dépenser, pas de service à faire, jusqu’à ce que vous les réclamiez.

Et je n’ose pas gronder l’heure qui n’en finit pas, quand, ô mon souverain, je regarde l’horloge en vous espérant, et je n’accuse pas les amertumes de l’âcre absence, quand une fois vous avez dit adieu à votre serviteur.

Et je n’ose demander à ma pensée jalouse où vous pouvez être et où vos affaires vous supposent. Mais, comme un triste serf, j’attends et ne pense rien, sinon comme vous rendez heureux ceux avec qui vous êtes.

Si fou est mon amour que dans ce qui vous plaît, quoi que vous fassiez, il ne voit rien de mal.

XCVIII

Que Dieu, qui tout d’abord me fit votre serf, me garde de contrôler même par la pensée vos heures de plaisir, ou d’implorer de vous le compte de vos moments ! Ne suis-je pas votre vassal, tenu d’attendre votre loisir ?

Oh ! puissé-je, soumis à un signe de vous, supporter la prison d’absence que me fait votre liberté ! Puisse ma patience, apprivoisée à la souffrance, subir chaque contre-temps sans vous accuser d’un tort !