Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1872, tome 15.djvu/316

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L’amour rayonnait entre eux de telle sorte que la tourterelle voyait son être flamboyer dans le regard du phénix. Chacun était le moi de l’autre.

Effarement de la logique ! l’identité n’était pas la parité. Avec leur nature, unique sous un double nom, ils ne faisaient ni un ni deux.

La raison, confondue d’elle-même, voyait l’union dans leur division ; absorbés l’un dans l’autre, distincts l’un de l’autre, ces êtres étaient si bien assimilés,

Qu’elle se demandait comment leur duo formait cet harmonieux solo. L’amour n’a pas de raison, non, pas de raison, si ce qui est séparé peut être ainsi mêlé.

L’amitié a composé ce chant funèbre en l’honneur du phénix et de la colombe, astres suprêmes du ciel d’amour, — faisant l’office de chœur dans leur scène tragique :


Chant funèbre.


La beauté, la loyauté, la perfection, la grâce dans toute sa simplicité, gisent ici réduites en cendres.

La mort est maintenant le nid du phénix ; et le sein loyal de la colombe repose sur l’éternité.

Ils n’ont pas laissé de postérité, et ce n’était pas chez eux infirmité : leur union était le mariage de la chasteté.

Désormais la loyauté peut sembler être, elle n’est plus ; la beauté peut se vanter d’exister, elle n’existe plus ; car loyauté et beauté sont ensevelies ici.

Inclinez-vous devant cette urne, vous tous qui êtes loyaux ou beaux, et murmurez une prière pour ces morts (25).



fin des poèmes.