Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1872, tome 9.djvu/9

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INTRODUCTION.


Le 11 août 1596, le glas funèbre tintait à l’église de la Sainte-Trinité, dans le bourg de Stratford-sur-Avon. La porte d’une modeste maison, située dans Henley Street, venait de s’ouvrir pour laisser passer un petit cercueil, orné de feuillage et de fleurs, que deux porteurs avaient aisément soulevé. Quelques personnes vêtues de noir, peut-être des amis, peut-être des parents, marchaient derrière ce cercueil. Le convoi descendit la rue qui est perpendiculaire à l’Avon, puis, ayant atteint la rive, tourna à droite, suivit la berge le long d’une haie de saules, pénétra dans le cimetière paroissial par une allée pavée de pierres tumulaires, et s’arrêta devant une fosse fraîchement creusée à l’ombre de l’abside gothique. Là la bière fut déposée. Le ministre, vêtu de son blanc surplis, récita le service des morts ; les assistants, selon le rite antique, jetèrent dans la tombe des branches d’immortelle et de romarin, et le fossoyeur refoula la terre sur le corps. La cérémonie terminée, le sacristain ouvrit le registre des sépultures, déposé dans une des ailes de l’église, et y écrivit au hasard de sa plume rustique le nom du nouveau venu. Voici cette inscription que j’ai moi-même pieusement recueillie :

1596, August. 17, Hamnet, filius William Shakspere.

Celui qu’on venait d’enterrer ainsi obscurément, dans cet humble cimetière de campagne, portait un nom plus