Page:Shelley - Œuvres en prose, 1903, trad. Savine.djvu/184

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
167
DE PERCY BYSSHE SHELLEY

Il serait bon aussi que les hommes portassent le deuil dans toute calamité qui fondrait sur leur pays ou l’univers, alors même que ce ne serait point la mort.

Cela concourt à maintenir ces rapports d’homme à homme, et entre tous les hommes pris dans leur ensemble, qui sont le lien de la vie sociale.

Il faudrait qu’il y eût un deuil public, quand surviennent ces événements qui mettent le deuil au cœur de tous les honnêtes gens, — le règne des tyrans étrangers ou domestiques, l’abus de la bonne foi publique, l’application forcée de vieilles et vénérables lois pour le meurtre des innocents, les mesures qui menacent la sécurité de tous ces hommes qui sont la fleur de la nation et qui brûlent d’un enthousiasme invincible pour le bien public.

Aussi, si Horne Toolle et Hardy avaient été condamnés pour trahison, il eût été bien qu’on eût vu non seulement le chagrin et l’indignation déborder dans tous les cœurs, mais encore qu’on eût vu les symboles extérieurs de l’affection.

Quand la République Française fut détruite, le monde aurait dû prendre le deuil.


IV


Mais cet appel aux sentiments des hommes ne devrait pas être fait à la légère, ou d’une manière