Page:Shelley - Œuvres en prose, 1903, trad. Savine.djvu/289

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du patient, afin de les détourner de s’exposer à un pareil sort, elle est singulièrement disproportionnée à son objet. Premièrement, – les personnes d’un caractère énergique, et chez lesquelles, ainsi que cela se voit chez les hommes punis pour des crimes politiques, il existe une forte proportion de hardiesse, de courage, et de désintéressement, et des qualités qui, malgré leur mauvaise direction, leur emploi désordonné, n’en sont pas moins un ciment de la force et de la félicité nationales, ces personnes meurent de telle sorte que leur mort ne paraisse point un mal, mais un bien. La mort de l’homme qualifié de traître, c’est-à-dire d’un homme qui, pour tel ou tel motif, voudrait détruire le gouvernement du jour, est tout aussi souvent le spectacle triomphant de la vertu martyrisée, que l’enseignement donné par un coupable. La multitude, au lieu de se disperser sous l’impression terrifiée d’une approbation des lois qui ont offert un tel spectacle, est saisie de pitié, d’admiration et de sympathie, et tous les cœurs généreux qui s’y trouvent, éprouvent le désir d’être à l’envi les auteurs d’émotions aussi flatteuses, que celles dont ils se sentent agttés. Impressionnée par ce qu’ils voient et éprouvent, ils ne font pas de distinctions entre les motifs qui ont poussé les criminels aux actes pour lesquels ils souffrent, ou le courage héroïque avec lequel ils ont tourné en bien ce que les juges leur ont infligé comme un mal, ou le but même vers lequel tendaient ces actes; bien que ce but pourra être éminemment pernicieux. En ce cas, les lois perdent cette sympathie que leur objet es-