Page:Shelley - Œuvres en prose, 1903, trad. Savine.djvu/377

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qu’une lutte perpétuelle : « celui à qui il est beaucoup donné, on lui demandera beaucoup, et de l’homme envers qui on aura commis de grandes injustices on exigera plus encore. » Mais le but présent n’est point de mettre en lumière les erreurs qui existent dans l’opinion publique, ce but est de faire un effort pour donner à l’opinion publique son autorité légitime, et une influence uniforme, irrésistible dans chaque cas particulier qui lui est soumis. Quand on a une fois admis que la loi n’est rien de plus que l’expression écrite de l’opinion des hommes, rien de plus que les conceptions d’individus sur la manière de discuter un cas particulier, nous pouvons espérer de voir disparaitre promptement les méprises sanguinaires ou stupides qui déshonorent la jurisprudence civile et criminelle des nations civilisées. Combien de temps, sous sa protection actuelle, les outrages à l’humanité, même après qu’ils ont été le plus violemment attaqués, et même quand ils ont été stigmatisés le plus sévèrement par l’opinion publique, ne persistent-ils pas dans les tribunaux On les voit même s’éterniser, s’implanter, sous la protection de noms vénérables, lasser le mépris même et l’horreur de l’espèce humaine, ou subsister sans être abrogés, à l’abri du silence, jusqu’à ce qu’enfin l’amélioration progressive de l’homme se trouvant entravée, ils se réveillent et qu’alors l’opinion publique de qui ils auraient dû entendre leur condamnation, soit empoisonnée par leur influence. L’opinion publique ne resterait jamais longtemps stagnante