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ce que nous sommes capables de concevoir d’excellent et de sympathique dans ce qui appartient à la nature humaine. Ce n’est pas seulement le portrait de notre être extérieur, mais un assemblage des particules les plus ténues dont notre nature est composée un miroir dont la surface ne reflète que les formes brillantes et pures, une âme enfermée dans notre âme, qui forme un cercle autour de son paradis particulier, cercle où la douleur et le chagrin, et le mal n’osent jamais pénétrer. C’est à elle que nous rapportons avec vivacité nos sensations, avec un ardent désir qu’elles lui ressemblent et lui correspondent. La découverte de son antitype; la rencontre avec une intelligence capable de comprendre clairement la nôtre; une imagination qui saurait pénétrer et saisir les particularités subtiles et délicates que nous nous sommes plu à cultiver et à déployer en secret, avec une constitution dont les nerfs, pareils aux cordes de deux lyres exquises, tendus à l'unisson d’une seule voix enchanteresse, accompagnent de leurs vibrations les vibrations de la nôtre; et tout cela combinê conformément aux proportions que demande le type intérieur, voilà le but invisible et inaccessible vers lequel tend l’amour, et dont la poursuite pousse les facultés de l’homme à saisir l’apparence la plus légère de ce dont la privation ne laisse ni repos ni répit au cœur qui en est dominé. De là dans la solitude, où dans cet état d’abandon où nous sommes entas-

Ces expressions sont impuissantes et métaphoriques la plupart des mots le sont. Il n’y a rien à y faire ! (Note de Shelley).