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ŒUVRES EN PROSE

J’ai évité à dessein toute discussion étendue sur ces griefs que l’habitude et l’intérêt immédiat des circonstances rendent sans doute des plus douloureux à vos cœurs. Néanmoins je ne les ai pas tout à fait négligés. Pour la plupart, j’ai insisté sur leur atténuation immédiate, et sur leur destruction finale ; je n’ai pas non plus omis de considérer les moyens que je crois les plus efficaces pour la réalisation de ce grand objet. Plus vous regarderez les premiers points comme dignes d’être adoptés, plus j’estimerai que les derniers sont probables et méritent l’attention des amis du genre humain.

Et j’ai ouvert devant vos yeux une nouvelle perspective.

Est-ce que votre cœur ne bondit pas à la simple possibilité que votre descendance possède cette liberté, ce bonheur, dont vous pouvez, de notre vivant, par de vigoureux efforts, par l’habitude de l’abstinence, nous donner un avant-goût ? Oh ! si vos cœurs ne palpitent pas à cette idée, c’est que vous êtes morts, glacés, — que vous n’êtes pas des hommes.

J’aborde maintenant l’application de mes principes, la conclusion de mon Appel.

Ô Irlandais, quelque parti que vous vous sentiez obligés d’adopter, le sentier que le devoir indique, s’ouvre devant moi, lumineux et sans nuage. Des dangers peuvent se dissimuler aux alentours, mais ce ne sont point les dangers qui se trouvent sous les pas de l’hypocrite et du temporisateur.

Car ce tableau de bonheur que caresse mon imagination, je ne vous l’ai point présenté comme un