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DÉDICACE.

Et mettre désormais la main devant la flamme
Pour la garder du vent qui pouvait la troubler.
Et si quelques rayons transparaissent encore
Entre mes doigts que leur lueur empourpre & dore,
Si mon front, seul frappé de leur rose reflet,
Penche en avant ainsi qu’au poids d’une couronne,
Ma voix a tu l’aveu que mon cœur abandonne
Et qui sur mes lèvres volait.

Ce livre est donc à toi dans sa mélancolie,
Ô grand’mère, &, fleur triste en son bouton pâlie,
À ton cher souvenir je viens le consacrer.
C’est plus une prière encore qu’une offrande,
Car, si j’ai su parler de vertu simple & grande,
C’est que tu me la fis connaître & vénérer.
Toi donc, en qui j’ai vu l’âme de deuils brisée,
Dominant par la foi la nature épuisée,
Soumettre la mort même à l’élan de l’esprit,
Étends la main sur moi qui me trouble & m’effraie
Et permets que j’honore en toi la gloire vraie,
Celle qui jamais ne périt !


Les Ormes, janvier 1870.