Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, I.djvu/110

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respective, au moyen de ce penchant universel à troquer et à commercer, se trouvent mis, pour ainsi dire, en une masse commune où chaque homme peut aller acheter, suivant ses besoins, une portion quelconque du produit de l’industrie des autres[1].


CHAPITRE III.

que la division du travail est limitée par l’étendue du marché[2].


Puisque c’est la faculté d’échanger qui donne lieu à la division du travail, l’accroissement de cette division doit, par conséquent, toujours

  1. La dissertation du Dr. Smith sur le principe qui donne naissance à la division du travail, quoique assez ingénieuse, ne paraît pas reposer sur une base solide. Cette division est simplement une conséquence de la faculté que nous possédons d’apercevoir, ou tout au moins de conjecturer avec plus ou moins d’exactitude, ce qui en des circonstances données, nous est le plus avantageux et le plus utile. Les sauvages qui marchent lentement ou qui sont boiteux, n’ont pas une tendance innée à devenir fabricants d’arcs et de flèches, et à échanger par plaisir ces articles avec les sauvages leurs semblables. Mais il ne leur est pas difficile d’apercevoir qu’il sera grandement dans leur intérêt d’opérer ces échanges et que telle est, en réalité, la seule voie qui puisse leur faire obtenir leur nourriture : tandis que, d’un autre côté, les sauvages doués d’agilité voient qu’il leur est profitable de suivre le genre d’industrie pour lequel ils ont une aptitude particulière, et d’échanger une partie de leur proie avec les autres pour en recevoir les instruments dont ils ont besoin. Les dispositions physiques, les talents, les aptitudes, aussi bien que les circonstances dans lesquelles les hommes sont placés, diffèrent essentiellement, et rien ne paraît plus naturel que de voir chaque individu adopter de préférence les occupations qu’à tout prendre il juge les plus favorables : échangeant alors les portions de ses produits qui excèdent sa consommation contre les produits de ses voisins qu’il voudrait acquérir et que ceux-ci désireraient céder. Les habitants des Highlands du Pertshire ne s’adonnent pas à l’élève des bestiaux, ni ceux du Carse of Gowrie à la culture du froment, ni ceux des îles Shetland à la pêche, seulement parce qu’une tendance instinctive les pousse à s’engager dans de tels travaux ; mais bien parce qu’ils ont appris de l’expérience qu’ils obtiendront une plus large part d’objets nécessaires et utiles à la vie humaine, en se bornant à ces branches d’industrie pour le développement desquelles ils ont une supériorité marquée, et en échangeant le surplus de leurs produits avec les autres.
    Mac Culloch
  2. Ce mot est pris dans un sens étendu, et signifie la masse des acheteurs ou le débit possible d’une marchandise quelconque.Garnier