Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, I.djvu/120

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peut tirer de l’essai que des conclusions fort incertaines. Pourtant, avant l’institution des pièces monnayées, à moins d’en passer par cette longue et difficile opération, on se trouvait à tout moment exposé aux fraudes et aux plus grandes friponneries, et on pouvait recevoir en échange de ses marchandises, au lieu d’une livre pesant d’argent fin ou de cuivre pur, une composition falsifiée avec les matières les plus grossières et les plus viles, portant à l’extérieur l’apparence de ces métaux. C’est pour prévenir de tels abus, pour faciliter les échanges et encourager tous les genres de commerce et d’industrie, que les pays qui ont fait quelques progrès considérables vers l’opulence ont trouvé nécessaire de marquer d’une empreinte publique certaines quantités des métaux particuliers dont ils avaient coutume de se servir pour l’achat des denrées. De là l’origine de la monnaie frappée et des établissements publics destinés à la fabrication des monnaies ; institution qui est précisément de la même nature que les offices des auneurs et marqueurs publics des draps et des toiles. Tous ces offices ont également pour objet d’attester, par le moyen de l’empreinte publique, la qualité uniforme ainsi que la quantité de ces diverses marchandises quand elles sont mises au marché[1].

Il paraît que les premières empreintes publiques qui furent frappées sur les métaux courants, n’eurent, la plupart du temps, d’autre objet que de rectifier ce qui était à la fois le plus difficile à connaître et ce dont il était le plus important de s’assurer, savoir la bonté ou le degré de pureté du métal. Elles devaient ressembler à cette marque sterling qu’on imprime aujourd’hui sur la vaisselle et les lingots d’argent, ou à cette empreinte espagnole qui se trouve quelquefois sur les lingots d’or ; ces empreintes, n’étant frappées que sur un côté de la pièce et n’en couvrant pas toute la surface, certifient bien le degré de fin, mais non le poids du métal. Abraham pèse à Éphron les quatre cents sicles

  1. Le lecteur désireux d’approfondir cette importante matière, pourra consulter avec fruit l’excellent ouvrage de M. Jacob : An historical Inquiry into the production and consumption of the precious metals, 2. vol. in-8o, 1831 ; les Considérations de Law sur le numéraire, et le livre V du Cours d’Économie politique de M. Storch, édition de J.-B. Say, avec ses notes. On peut lire aussi le chap. xxiv de notre Histoire de l’Économie politique, où se trouvent résumés les divers systèmes monétaires qui ont régné en Europe depuis les anciens jusqu’à la découverte des mines du nouveau monde. A. B.