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RECHERCHES

SUR

LA NATURE ET LES CAUSES

DE

LA RICHESSE DES NATIONS[1]




INTRODUCTION

et plan de l’ouvrage.


Le travail annuel d’une nation est le fonds primitif qui fournit à sa consommation annuelle toutes les choses nécessaires et commodes à la vie ; et ces choses sont toujours ou le produit immédiat de ce travail, ou achetées des autres nations avec ce produit.

  1. Le docteur Smith n’a pas établi le sens précis qu’il attachait au mot richesse quoique, le plus souvent, il le définisse comme « le produit annuel de la terre et du travail. » On a cependant justement reproché à cette définition de se reporter aux sources de la richesse avant qu’on ne sût ce qu’était la richesse elle-même, et de comprendre les produits inutiles de la terre avec ceux que l’homme s’approprie et ceux dont il jouit.

    Nous sommes portés à penser qu’on doit considérer la richesse comme désignant tous les articles ou produits qui sont nécessaires, utiles ou agréables à l’homme, et qui, en même temps, sont doués d’une valeur échangeable ; cette dernière qualité exprimant le pouvoir ou la faculté d’être échangé contre une telle quantité de travail, contre une ou plusieurs marchandises ou produits obtenus par les voies seules du travail, ou encore la faculté de les acheter. Cette définition sépare la richesse, de ces objets que la Providence répand gratuitement et à l’infini sur l’homme. Ces derniers, quoique susceptibles d’une très-haute utilité, sont nécessairement tous dépourvus de valeur échangeable ; car il est évident que nul ne fera des efforts ni ne donnera les produits de son industrie pour obtenir ce qu’il peut avoir en tout temps et en quantités illimitées sans travail. C’est pourquoi les bases sur lesquelles on a établi une distinction entre la richesse et les articles ou produits non doués de valeur échangeable sont manifestes et ont été universellement reconnues. On ne dit pas d’un homme qu’il est riche parce qu’il peut puiser sans cesse dans le domaine inépuisable de l’air atmosphérique, ce privilège lui étant commun avec tous et, par cela, ne pouvant être la source d’aucune distinction : mais on lui accordera le titre de riche en proportion directe de la faculté qu’il aura de posséder ces objets de nécessité, d’utilité ou de luxe qui ne peuvent être produits que par l’action du travail ou de l’industrie et qui peuvent devenir la propriété et la jouissance d’un individu à l’exclusion des autres. Ces articles ou ces produits ont seuls une valeur échangeable, et seuls, ils peuvent constituer ce qu’on appelle de la richesse. L’Économie politique n’étudie que les résultats de l’industrie humaine. Cette science peut véritablement être appelée la science des valeurs : car tout ce qui ne possède pas valeur échangeable ou qui ne peut être reçu comme équivalent d’un autre objet dont la production ou l’acquisition a exigé du travail, ne peut jamais être compris dans les limites de ses recherches. Mac Culloch