Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, II.djvu/444

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ment comme la plus sublime des deux, mais encore comme la plus utile, vu la profession particulière à laquelle toute l’instruction était destinée. Le sujet réellement propre à l’observation et à l’expérience, le sujet qui, à l’aide d’une soigneuse attention, peut nous conduire à tant de découvertes utiles, se trouva presque totalement négligé. Le sujet qui fut extrêmement cultivé, ce fut celui dans lequel, après un petit nombre de vérités fort simples et presque évidentes, les plus profondes recherches ne peuvent plus découvrir que ténèbres et incertitudes, et ne peuvent, par conséquent, produire que des sophismes et des subtilités.

Quand ces deux sciences eurent été mises en opposition l’une avec l’autre, la comparaison qu’on fit entre elles deux donna naturellement naissance à une troisième, à celle qui fut appelée ontologie, ou la science qui traita des qualités et des attributs communs à la fois à l’un et à l’autre sujet des deux autres sciences. Mais si les sophismes et les subtilités composaient la plus grande partie de la métaphysique ou pneumatique des écoles, ils composaient la totalité du tissu si frivole et si inextricable à la fois de cette espèce de science qu’on nomma l’ontologie, à laquelle on a aussi quelquefois donné le nom de métaphysique.

L’objet, que se proposait dans ses recherches l’ancienne philosophie morale, était de connaître ce qui constitue la perfection et le bonheur de l’homme, considéré non-seulement comme individu, mais comme membre d’une famille, d’un État et de la grande société du genre humain. Cette philosophie traitait des devoirs comme de moyens pour arriver à la perfection et au bonheur de la vie humaine. Mais quand on en vint à n’enseigner la philosophie morale aussi bien que l’histoire naturelle que comme des connaissances accessoires à la théologie, alors des devoirs de la vie de l’homme furent traités principalement comme des moyens d’arriver au bonheur d’une vie future. Dans la philosophie ancienne, la perfection de la vertu était représentée comme devant nécessairement produire à celui qui la possédait le bonheur le plus parfait dans cette vie. Dans la philosophie moderne, on la représenta souvent comme étant en général, ou plutôt presque toujours, incompatible avec quelque degré de bonheur dans cette vie. Les seuls moyens de gagner le ciel furent la pénitence, les mortifications, les austérités et l’abaissement d’un moine, et non pas la conduite élevée, généreuse, énergique d’un homme. La doctrine des casuistes et une morale ascétique remplirent souvent la majeure partie de la philosophie morale des écoles. La plus importante sans comparaison de toutes les branches dif-