Page:Sophocle, trad. Leconte de Lisle, 1877.djvu/186

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OIDIPOUS.

Voici ce qui m’est arrivé. J’ai été chassé de ma patrie par mes fils eux-mêmes, et le retour m’est à jamais refusé, à moi parricide !

THÈSEUS.

Pourquoi donc te rappellent-ils, si tu ne dois pas habiter près d’eux ?

OIDIPOUS.

Une Voix divine les contraindra.

THÈSEUS.

Quelle calamité craignent-ils d’après ces oracles ?

OIDIPOUS.

Il est dans la destinée qu’ils soient domptés par les habitants de cette terre.

THÈSEUS.

Mais d’où viendront ces querelles entre eux et nous ?

OIDIPOUS.

Ô très-cher enfant d’Aigeus, il n’est donné qu’aux Dieux de ne point vieillir et de ne jamais mourir, et tout le reste est dompté par le temps. La vigueur de la terre s’épuise comme celle du corps ; la foi périt, et la perfidie croît et la remplace. Un même vent propice ne souffle pas toujours entre amis et de ville en ville. Les choses qui leur plaisaient leur sont maintenant amères et leur plairont de nouveau. La paix et la tranquillité sont stables aujourd’hui entre les Thèbaiens et toi, mais le temps,