Page:Sophocle, trad. Leconte de Lisle, 1877.djvu/221

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POLYNEIKÈS.

Ô voyage malheureux et fin lamentable ! Hélas, mes alliés ! Est-ce donc pour cela que nous sommes sortis d’Argos ! Ô malheureux que je suis ! il ne m’est point permis de rien révéler de ceci à mes alliés, ni de retourner en arrière ; mais il me faut courir silencieusement à ma perte ! Ô vous, mes sœurs, filles de cet homme, puisque vous avez entendu les imprécations terribles de mon père, si un jour elles doivent s’accomplir, si vous rentrez un jour dans la demeure, je vous supplie par les Dieux, ne me laissez pas sans honneurs et donnez-moi un tombeau. De même que vous êtes louées maintenant pour les soins que vous donnez à cet homme, vous aurez une gloire égale pour le service que vous me rendrez.

ANTIGONÈ.

Polyneikès, je te supplie de m’écouter.

POLYNEIKÈS.

Qu’est-ce ? dis, ô très-chère Antigonè.

ANTIGONÈ.

Hâte-toi de ramener ton armée dans Argos ; ne cours pas à ta propre ruine et à celle de la Ville.

POLYNEIKÈS.

Ceci ne peut se faire. Comment pourrais-je rassembler de nouveau une armée, si je prends une fois la fuite ?